Plan d’intervention

À la Découverte, nous avons tenté de changer concrètement nos interventions et nos perceptions face aux jeux des garçons, voici comment nous avons fait :

Les interventions que nous pratiquons afin de favoriser les besoins des garçons!


Bousculade, jeux de guerre, combat

Les garçons sont souvent à la recherche de jeux qui nous laissent perplexe. Lorsqu’ils se chamaillent nous avons le réflexe de les empêcher. Nous avons tendance à séparer deux enfants qui se bousculent sans danger et ce, même s’ils le font avec un grand sourire aux lèvres. Nous nous sommes questionnés face à ces jeux que l’on dit « violents ». Il existe d’abord une différence entre « un jeu » et « la violence ». La violence part de l’intention de blesser, de faire mal, d’être méchant. ce qui n’est pas le cas d’un enfant qui s’adonne à un jeu. Nous croyons que le besoin de pousser et de se chamailler des enfants est quelque chose de normal qui répond à un besoin fondamental : celui de bouger. La première chose est d’offrir une activité qui répond à ce besoin de bouger, de dépenser cette énergie, de la canaliser positivement. Si la bousculade est le moyen d’y répondre nous croyons qu’il est non seulement possible de permettre aux enfants de jouer à la bousculade mais souhaitable, si cela se fait entre enfants consentants, dans le plaisir et non dans la colère. Il est important de le faire dans un encadrement clair pour nous les éducateurs ainsi que pour les enfants. Vaut mieux organiser ces jeux que de se faire organiser par les enfants!!!


Bousculade permise

  1. Premièrement lorsque nous voyons deux enfants se bousculer, nous leur offrons de le faire dans un endroit sécuritaire, par exemple, loin des balançoires et des clôtures. On délimite donc ensemble le territoire de jeu.
  2. Nous demandons qui veut y participer afin d’éviter que d’autres enfants ne soient mêlés au jeu sans le vouloir et sans avoir bien entendu les consignes au préalable. Ainsi, cela évite les conflits auprès des autres.
  3. Nous devons préciser que l’on peut se pousser mais qu’il est interdit de donner des coups de poings et de pieds.
  4. Finalement l’éducatrice doit observer le jeu et s’assurer que les consignes sont respectées par les enfants. Si un enfant ne respecte pas les consignes, on doit l’exclure du jeu immédiatement. Cependant, on peut lui donner un avertissement, on lui apprend ainsi qu’une erreur est possible et qu’il peut se reprendre.

Lorsque les enfants commencent à se bousculer ou à jouer à des jeux qui demandent plus de contact nous tentons alors de leur offrir des jeux de combat « contrôlés », de lutte sur tapis « supervisés » ou d’épée (en mousse ou en papier journal) à un moment précis dans la journée. Sans oublier de bien encadrer le jeu par des règles simples et claires (ex : On joue sur le tapis, deux à la fois, chacun son tour. On doit faire tomber l’enfant sur le tapis, sans coup de poing ni coup de pieds. On doit utiliser les épées de mousse uniquement sur les jambes et non au visage, etc.).

L’éducatrice est toujours présente. On doit être attentifs à leur besoin de bouger et tenter de leur offrir ce moment au moins une fois dans la journée.


Jeux bruyants

Durant le projet pilote, nous avons réalisé que les garçons jouaient différemment des filles. Leurs choix de jeu et leur manière de jouer sont très différents. Nous avons également remarqué que les garçons étaient bruyants. Nous tentons maintenant de respecter le bruit dans leur jeu à certains moments sans se sentir agressés. Nous y allons de quelques trucs (mettre du feutre sous les outils de menuiserie, fermer les portes des locaux, couvrir les chaises de feutres, etc.)

Jeux de guerre (fusil)

Souvent les jeux de guerre créent un malaise chez les adultes. Nous ne savons pas toujours comment réagir face à deux enfants qui simulent une bataille armée et qui se mettent à « tirer sur tout ce qui bouge ! ». Notre expérience a démontré au fil des années que même si les jeux de guerre et les fusils sont interdits l’enfant utilisera autre chose pour simuler une arme et que de toute façon malgré nos interventions, ils se prêteront à ces jeux…c’est plus fort qu’eux, ils aiment ça! Nous avons décidé d’être plus tolérant face à ce type de jeux tout en s’assurant que cette activité est vécue dans le plaisir. Il est également important de se respecter en tant qu’éducateur. Par exemple, certains d’entre-nous acceptent le bruit des fusils à l’extérieur seulement. D’autres demandent de mettre un silencieux et de faire un « pow! » moins bruyant. Certaines demandent aux enfants de déterminer qui joue aux fusils afin que les joueurs ne dérangent pas ceux qui ont envie de vivre un jeu plus calme. L’important est de respecter ses limites et ses valeurs lors des jeux de guerre (fusils).


Jeux de course

Il arrive que les enfants se mettent à courir sans raison et à tout moment. C’est leur besoin de bouger qu’ils expriment. Nous tentons de leur permettre le plus souvent possible dans les lieux appropriés ou les moments opportuns. Ex : Si un enfant court au vestiaire, on lui mentionne que ce n’est pas l’endroit et que tout à l’heure on fera un jeu de course qui pourra répondre à son besoin. Les enfants du CPE La Découverte peuvent courir à l’Escalade (local psychomoteur) et à l’extérieur. Il est intéressant aussi de leur permettre de le faire en leur expliquant qu’il s’agit d’une activité spéciale. Encore une fois, nous tentons d’être à l’écoute de ce besoin et d’y répondre au moins une fois durant la journée.

Qu’est –ce que nous avons changé dans nos activités, nos ateliers, notre matériel pour répondre aux besoins des enfants.

Nous avons tenté d’offrir plus de matériel varié qui répond aux intérêts des garçons. Nous avons fait l’achat de plus de camions et de voitures. Nous nous sommes procurés plus de jeux de construction (blocs), divers jeux aimantés, activités de science, plus d’outils et de matériel de menuiserie (il est intéressant d’ajouter de vrais outils (marteaux et scies par exemple mais à utiliser sous supervision). Nous tentons de mettre ces jeux disponibles en tout temps pour les enfants.

Nous prévoyons également des bricolages en lien avec leur intérêt. Nous privilégions la démarche plutôt que le résultat. Nous essayons de penser aux garçons lorsque nous planifions les ateliers. Il est important pour nous de planifier une activité motrice par période d’ateliers (ex : coin auto, mini-hockey, épée). Durant nos planifications de projet, nous tentons de leur faire vivre des projets qui pourront répondre à leur goût et qui favoriseront leur participation durant le projet en cour.


Le besoin de compétition chez les garçons

Les garçons ont un besoin de compétition très développé. Ils veulent souvent être les premiers, ils se taquinent et se mettent aux défis les uns les autres. Souvent, les activités sportives vont répondre à ce besoin de compétition mais aussi dans plusieurs domaines d’activités (ex : dans les activités d’expression plastique, ils se mettront au défi de le finir le plus rapidement possible). Nous pouvons nous servir de cet intérêt pour la compétition et la vivre sainement toutefois, l’adulte doit apprendre à l’enfant à la doser. Ils doivent comprendre qu’il n’est pas toujours nécessaire d’être en situation de compétition. Durant la journée nous tentons de leur offrir des moments où ils pourront relever des défis. Exemple : On fera la course pour ranger, on fera un dessin le plus rapidement possible, construira la plus grosse tour que l’on a jamais fait, etc. Il existe mille et une façons de créer une compétition saine. Soyons créatif.


Que dit la société d’aujourd’hui?

Notre société favorise beaucoup le comportement des filles et leur choix de jeux (casse-tête, expression plastique, poupée, etc.) parce que ceux –ci favorisent le calme et dérangent moins l’adulte. Nous devons faire un effort comme adulte pour accepter les jeux plus actifs et dérangeants. Nos observations nous ont permis de constater qu’une fois les besoins des garçons comblés il est plus facile pour eux de s’intéresser à autre chose, ils deviennent plus attentifs et davantage disposés aux activités de concentration.

Malgré l’intérêt croissant face à la place des garçons dans le milieu de l’éducation, nos recherches ont été limitées à peu de documents écrits sur ce sujet et encore moins en ce qui a trait au domaine de la petite enfance. Nous avons cependant découvert Ginette Lajoie qui a publié entres autres le livre : « L’école au masculin » Plusieurs de ses textes sont disponibles sur « Internet ». Vous n’avez qu’à effectuer une recherche en tapant Ginette Lajoie.

En souhaitant que notre questionnement face aux garçons ait pu vous sensibiliser ou vous éclairer davantage sur le sujet et ainsi vous permettre de créer votre propre réflexion.

L’équipe de La Découverte